Voilà six mois que la Marquise est en deuil. À quelques mètres de là, de l’autre côté de son jardin, le Chevalier a perdu tout espoir d’épouser son irremplaçable Angélique. La veuve et l’éploré se croient donc voués aux regrets éternels : la comédie peut commencer. L’addition de leurs deux solitudes, en produisant un couple d’“amis”, va remettre à leur insu le temps en marche... Le thème comique (l’amour quand on ne l’attendait plus, triomphant de tous les obstacles) pourrait sembler conventionnel. Mais Marivaux sait tirer de la mélodie la plus simple des dissonances inattendues, et de la “répétition de l’unique”, écrit Alain Françon, une irrésistible nouveauté. Dramaturge, il sait qu’un personnage ne parle jamais tout à fait d’une seule voix. Celle de la conscience paraît jurer parfois avec celle du sentiment, et qui peut se vanter d’avoir l’oreille assez fine pour toujours démêler leur concert ? Marivaux, lui, l’entend et le fait entendre. Sa langue polie et vibrante ne laisse jamais oublier qu’à tout moment la musique des cœurs peut tourner à la cacophonie, voire au chaos. Rien n’est tout à fait prévisible, car “la durée du personnage marivaudien,” note Françon, est celle d’“un roman impromptu” dont l’issue n’est jamais sûre, jusqu’à l’ultime seconde du troisième acte…
Revenant à un théâtre qui fait “une confiance inouïe à la cure par le langage”, Françon, grand directeur d’acteurs, a confié cette partition à de jeunes interprètes qui en restituent toute la subtile vivacité.
L’équipe de BAM-Ticket nous en parle : On a toujours du mal à parler des spectacles d’Alain Françon. Parce que c’est compliqué de parler de ce qui nous touche au plus profond. Parce que de l’autre côté de la rampe, il crée la vie, parce qu’il donne l’effet d’un monde et pas celui d’une scène de théâtre. Et quelque chose éclot sous nos yeux : notre réalité.
18:00- 19:50