En 1966, « Paris brûle-t-il ? », le livre des journalistes Larry Collins et Dominique Lapierre est adapté au cinéma. Le film, réalisé par René Clément et produit par Paul Graetz et la Paramount, raconte la Libération de Paris, vingt ans seulement après les événements. Cette exposition est une belle manière de (re)découvrir le travail de René Clément et son interprétation de la Libération de Paris au regard du contexte de 1966, à une époque où le président de la République n’est autre que l’homme de la victoire
Autour de scènes emblématiques du film, les visiteurs découvrent l’histoire de la Libération de Paris dans le contexte politique des années 1960. Sont ainsi exposés, des documents et archives de la Fondation René Clément, story-board, notes ou croquis, des photographies et reportages sur le tournage, mais aussi près de 70 objets liés à la Libération de Paris issus des collections du musée, objets, photographies, documents sur le tournage présentés en regard des scènes du film. Ces différents éléments rassemblés permettent de mieux décrypter les intentions et les coulisses de ce film de légende aux deux oscars. Les images travaillées par le cinéaste René Clément et son équipe sont à la fois une histoire de la Libération de Paris mais aussi la cristallisation de l’imaginaire collectif.
« Il faut faire du vrai plus vrai que le vrai, du vrai faux. Quand c’est trop vrai, c’est moins bon. Quand c’est interprété, c’est meilleur, c’est ça qui est important, c’est là où est la magie ». Voilà le credo porté par le réalisateur René Clément lorsqu’il adapte au cinéma le livre « Paris brûle-t-il ? » des journalistes Larry Collins et Dominique Lapierre, publié en 1964. À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de Paris, le musée de la Libération nous plonge dans les coulisses du film sorti en 1966 et revient sur les enjeux auxquels l’équipe a été confrontée pour raconter la Libération de Paris, à peine vingt ans après les événements.
Il a d’abord fallu donner un visage à des protagonistes encore vivants et surtout très influents. Si le film met le paquet côté casting, avec des têtes d’affiche telles qu’Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Yves Montand, Orson Welles ou encore Simone Signoret, s’assurant au passage une place de choix dans le paysage des superproductions franco-américaines, le contexte politique de l’époque particulièrement complexe pousse René Clément à faire preuve d’une grande agilité pour satisfaire toutes les parties, entre un gouvernement gaulliste, une influence communiste très forte -notamment dans le milieu du cinéma- et des figures emblématiques de la Résistance à honorer.
Mais où s’arrête l’histoire, où commence l’interprétation ? L’exposition vient questionner notre rapport à l’image, au récit et à l’imaginaire collectif, en mettant sur le parcours des extraits de films, des images d’archives, des documentaires sur le tournage, des interviews du réalisateur ou encore des décryptages de cinéastes. Un corpus qui permet d’observer « Paris brûle-t-il ? » sous différents prismes, à la fois comme œuvre cinématographique, mais aussi comme fresque historique et bataille politique.
Entre documentation et fiction, l’exposition explique comment le film nommé deux fois aux Césars et aux Golden Globes s’est nourri d’éléments matériels de la Libération (vêtements, armes…) et de vrais témoignages pour tourner des scènes réalistes et narrer avec cohérence ce mois d’août 1944. Mais elle revient aussi sur ses nombreuses omissions, des silences qui ont permis de lisser certains protagonistes, de maquiller la brutalité de la guerre ou d’éviter certains sujets polémiques.
Et comment, finalement, le cinéma a réinventé la Libération…