A l’occasion du festival Climax , découvrez jusqu’au 8 octobre l’exposition « LE STUDIOLO DE L’EXIL” par Stephan Zimmerli
Le « Studiolo de l’Exil », projet trans-disciplinaire dédié à la mémoire collective de l’exil, est né à Florence, au centre d’art MAD (Murate Art District), au printemps 2024. Dans cet ancien couvent – devenu prison puis centre d’art ouvert sur la ville – j’avais conçu et fait construire un premier « studiolo », une petite pièce en bois dédiée à la concentration et à la pensée, au dialogue et à la rêverie : cette construction, analogue aux studioli de la Renaissance cachés au sein du Palazzo Vecchio ou du Palazzo Ducale d’Urbino, prolongeait une série de projets menés depuis vingt ans, dans les champs de l’architecture, de la scénographie, de la musique et de l’art visuel, autour du thème des « mnémotopies » : structures bâties représentant l’esprit, théâtres de la mémoire, palais mentaux et autres avatars des systèmes d’ordonnancement de la mémoire et de la pensée issus de l’Ars Memoriae antique.
Par ce dialogue dessiné, il s’agissait de raviver la mémoire, en la ramenant ensemble au présent, de façon partagée, immersive et intensifiée : « réalité » de la réminiscence ; matérialisation de l’image invisible ; syntonisation des esprits à l’aide des moyens les plus primitifs qui soient… la parole et l’écoute, la main et l’outil, la présence au temps et au lieu. Une « memoria arteficiosa » organique, lente et résiliente, aux antipodes des technologies d’information, en contrepoint et possible antidote à ces autres « intelligences » artificielles qui nous guettent, voraces, invasives et désincarnées.
Dans l’enceinte du Consulat, à Paris, le projet se réinvente sous un second avatar, cette fois-ci déployé – les parois de ce nouveau studiolo sont ici ouvertes et dépliées, mises à plat pour former une grande fresque murale longue de 10m, avant d’être un jour repliées et refermées pour former une pièce protectrice. Huit personnes, arrivées à Paris à la suite d’un parcours d’exil et de migration, y sont chacune invitées à partager le souvenir d’un lieu perdu, qu’elles aimeraient retrouver afin de me permettre de le matérialiser par le dessin au fusain sur les parois de la pièce, en temps réel. La session s’achève lorsque la personne me dit reconnaître dans le dessin sa vision intérieure, pour reconstruire ensemble un paysage à la fois mental et réel, un horizon commun. Une mémoire collective de l’exil.
Accès libre sur les horaires d’ouverture du Consulat Voltaire
15:00- 22:00