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On en pense quoi de « Science/Fiction, une non-histoire des plantes », la nouvelle expo de la MEP ?
On en pense quoi de « Science/Fiction, une non-histoire des plantes », la nouvelle expo de la MEP ?
On en pense quoi de « Science/Fiction, une non-histoire des plantes », la nouvelle expo de la MEP ?

On en pense quoi de « Science/Fiction, une non-histoire des plantes », la nouvelle expo de la MEP ?

Maison Européenne de la Photographie
mar. 15 oct. 2024 - dim. 19 janv. 2025
Prix à découvrir

Description

Initiée en 2020, l’exposition « Science/Fiction, une non-histoire des plantes » propose de retracer l’évolution visuelle des plantes, reliant l’art, la technologie et la science, du XIXe siècle à nos jours. On l’a visitée et on vous explique pourquoi c’est notre coup de cœur du moment !

De quoi ça parle ?

Réunissant plus de 40 artistes de différentes époques et nationalités, cette exposition est l’occasion de plonger au cœur d’une relation privilégiée. Celle qu’entretiennent la photographie et la vidéographie avec les plantes, deux techniques de captation de l’image dont l’utilisation première fut mise au service de la recherche scientifique.

L’avis de la rédaction

C’est l’expo parfaite pour celles et ceux qui se passionnent pour le monde végétal, mais aussi pour les fans d’images. Les œuvres présentées sont certes belles, mais elles permettent surtout de découvrir l’évolution de la photographie et de la représentation, en nous permettant de nous questionner sur le rapport entre les végétaux et l’humain, entre réalité et imaginaire.

Comme un roman de science-fiction

L’exposition reprend la construction originale d’un roman de science-fiction – c’est d’ailleurs l’univers de l’écrivaine Octavia E. Butler qui a inspiré Clothilde Morette, la directrice artistique de la Maison européenne de la photographie (Paris Centre). Au premier étage, on pénètre dans un univers stable et presque réconfortant. Les œuvres présentées et la disposition des tableaux évoquent l’idée d’un herbier et du travail de naturaliste.

On y retrouve des photos emblématiques des années 1920-1930 ou d’artistes plus contemporains, des extraits de films, comme ceux de Jean Comandon, qui capture en accéléré le développement des plantes, pour un moment très contemplatif. Plus loin, on observe les travaux de celles et de ceux qui se servent des plantes comme matière, des premiers cyanotypes bleus d’Anna Atkins, réalisés vers 1852, aux créations poétiques de Sam Falls, photographies encadrées de céramiques fleuries.

Sam Falls, Reflection, 2022. Fujifilm FP-100C45 instant film, glazed ceramic, and glass ; Crédits : Sam Falls Courtesy Galerie Eva Presenhuber
Anna Atkins, Asplenium angustifolium (Glade Fern), ca. 1852. Cyanotype print, 33 × 23 cm ; Crédits : Courtesy Wilson Centre for Photography
Extrait du film « La Croissance des végétaux », de Jean Comandon, 1929 ; Crédits : Musée Albert-Kahn/CD92

Vient ensuite le temps de l’interaction. Comment les végétaux communiquent-ils ? Quels sont leurs rapports avec les autres espèces vivantes ? Quels sont les impacts de l’humain sur la flore ? Dans une salle plongée dans le rose réside l’œuvre d’Angelica Mesiti. Des écrans diffusent des vidéos de végétaux filmés sous UV, comme fluos, à divers stades de décomposition, accompagnés d’un chant centré sur une fréquence de 220 hertz, attribuée aux arbres pour leurs communications.

Ensuite, ce sont des clichés d’Alice Pallot qui dénoncent l’arrivée d’algues toxiques en Bretagne, ou Anais Tondeur, qui présentent des rayogrammes, créés par l’empreinte de plantes radioactives issues de zones irradiées sur des feuilles photosensibles. Hypnotisant…

Les plantes, un instrument politique

On découvre aussi le rôle politique des plantes et leurs représentations qui dénoncent. À l’instar d’Ágnes Dénes, qui signe là une œuvre majeure du land art, en transformant 8 000 mètres carrés de décharge à Manhattan en un champ de blé qu’elle a planté à la main avec des bénévoles. La récolte – 500 kilogrammes – a ensuite voyagé dans 28 pays avec « L’Exposition internationale pour La Fin de la Famine ».

Gohar Dashti, elle, est née en Iran et imprègne son travail photo des traumatismes de la guerre et des migrations. Dans son projet Home, elle place dans des lieux d’habitation abandonnés des plantes qui remplacent les habitants et illustre la persistance de la nature face à la fragilité humaine.

Gohar Dashti, Untitled #2, de la série « Home », 2017. Tirage jet d’encre, 80 x 120 cm ; Crédits : Gohar Dashti
Ágnes Dénes, Wheatfield – A Confrontation: Battery Park Landfill, Downtown Manhattan – With Ágnes Dénes Standing in the Field (Champ de blé - Une confrontation : Battery Park Lanfill, Downtown Manhattan – Avec Ágnes Dénes debout dans le champ), 1982. Photographie de John McGrail. Tirage à développement chromogène, 40 x 50 cm ; Crédits : Ágnes Dénes Courtesy Leslie Tonkonow Artworks + Projects, New York

Et puis, progressivement, on plonge dans un univers inquiétant, où les plantes invasives, nocives, laissent place à l’invention et aux nouvelles techniques de création de l’image. Quelques écrans diffusent des extraits de films où la nature se mue en créature monstrueuse, rendant l’humain vulnérable (La Révolte des Triffides, de Steve Sekely et Freddie Francis, ou encore L’Invasion des profanateurs, de Philip Kaufman…).

Joan Fontcuberta assemble des végétaux fantastiques à partir de détritus, qui semblent plus vrais que nature. Agnieszka Polska réalise The Book of Flowers, un court-métrage de science-fiction utilisant l’intelligence artificielle, sorte de fable sur la relation entre humains et plantes à fleurs fantastiques et intrigantes.

À la fin de la visite, notre esprit vagabonde parmi tous ces végétaux imaginaires, qui nous laissent songeurs pour le reste de la journée…

Extrait du court-métrage « The Book of Flowers », d’Agnieszka Polska, 2023 ; Crédits : Agnieszka Polska Courtesy Galerie Dawid Radziszewski, Varsovie
Affiche du film « The Day of the Triffids » (« La Révolte des Triffides »), de Steve Sekely et Freddie Francis ; Crédits : Steve Sekely et Freddie Francis
« Looking from my Garden to Giverny and on to the French Alps » (« Vue de mon jardin sur Giverny et de là sur les Alpes françaises »), de Peter Hutchinson, 1991. Photographie couleur rehaussée à l’encre, au pastel, 104,4 x 148,6 x 5,2 cm ; Crédits : Peter A. Hutchinson Courtesy Gad Collection

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