La peste

Une adaptation théâtrale du célèbre roman éponyme d'Albert Camus.

Nous souhaitons faire vivre le texte et la pensée d'Albert Camus par le théâtre. Notre intention est personnelle : s'amuser, s'éprouver et se faire grandir soi-même à travers un processus d'écriture originale, un jeu de création artistique et une exposition à un public. Elle est aussi collective : nous souhaitons par le choix de ce texte faire résonner le sens de l'engagement et du questionnement d'Albert Camus pour inspirer le spectateur à interroger son propre système de valeur et les actions qui en découlent.

Le travail d'adaptation au théâtre a sonné à la fois comme une évidence et comme un défi. Une évidence par la construction en cinq actes du livre, la concentration de l'action, l'originalité de la situation, la prédominance des dialogues et la personnalisation exacerbée des personnages. Un défi par la difficulté à rendre intelligible sur scène les réflexions éthiques, morale et existentielles qui traversent le roman, parfois narrées, parfois livrées dans de très longs monologues ; ces réflexions qui sont pour nous le centre du texte.

Lors des confinements de 2020 et 2021, le texte de La Peste a connu une résonance et une réactualisation. La situation d'épidémie mortelle et de confinement qui semblait relever d'une forme d'artifice théâtral et interprété parfois comme une fiction métaphorique s'est réalisée. Ces circonstances récentes sont pour nous une opportunité de proposer une adaptation qui prend librement un peu de distance avec l'ancrage temporel du texte – la France des années 50 dans le contexte colonial de l'Algérie – pour mieux faire entendre le caractère plus intemporel des réflexions philosophiques que porte le texte.

L'enjeu pour nous, au-delà de retranscrire la trame narrative passionnante du roman, a été de faire comprendre les questionnements existentiels soulevés par le texte, et qui sont au coeur de la pensée de Camus : la conscience et l'acceptation de l'absurde, l'existentialisme, la révolte individuelle et collective, l'amour de la beauté du monde.

Si la mise en scène visée se veut épurée et détachée du contexte algérien, notre adaptation se veut très fidèle au texte d'origine : reproduction autant que possible des dialogues présents dans le roman, respect de la trame narrative et des enjeux du texte. Le travail d'écriture a donc surtout été un travail de coupes et de mise en dialogue, pour faire tenir le spectacle en environ 1h20. La plus grande liberté aura été de "féminiser" quelques rôles, dont le personnage de Jean Tarrou, interprété par Eléonore, ce qui ne nous a pas semblé dénaturer le personnage. Le plus grand défi aura été de monter la pièce avec quatre comédiens seulement, ce qui demande à chacun d'interpréter plusieurs rôles annexes aux quatre grands rôles sur lesquels nous nous concentrons le plus : Rieux, Rambert, Tarrou et Paneloux.