Conférence : Peut-on décoloniser nos imaginaires spatiaux ?

Comment le spatial peut-il nous permettre de penser l’altérité sur Terre, de ne plus considérer le cosmos comme une annexe de la planète bleue ?

De l’affrontement russo-américain pendant la Guerre froide aux velléités extractivistes autour des ressources lunaires en passant par la vision messiano-capitalistique des milliardaires de la Silicon Valley, l’exploration spatiale continue d’être habitée par les imaginaires de l’appropriation et de la conquête. Une vision dominatrice qui a aussi infusé dans la science-fiction, comme le dénonçait déjà en 1975 Ursula K. Le Guin dans son essai American SF and the Other : « d’un point de vue social, la plupart des œuvres de SF ont été incroyablement régressives et sans imagination. (…) Toutes ces planètes (…) sont conçues comme des États-nations en guerre ou des colonies à exploiter […] – c’est le fardeau de l’homme blanc qui se joue à nouveau. ».

L’exploration spatiale n’est-elle condamnée à n’être qu’une compétition mortifère, et comment décoloniser notre rapport à l’espace ? L’exploration spatiale ne pourrait-elle pas être le moyen de reconsidérer notre relation à notre environnement et à la Terre ? Selon Ariel Kyrou et Dominiq Jenvrey, la figure de l’extraterrestre représenterait même une figure d’altérité radicale, « clé de toute transformation de société, politique, sociale et écologique », comme ils l’écrivent dans Futu&r (anciennement Usbek & Rica). Comment le spatial peut-il nous permettre de penser l’altérité sur Terre, de ne plus considérer le cosmos comme une annexe de la planète bleue, ni l’environnement comme une toile de fond de l’humanité ?

À l’occasion de l’exposition Chaomos, le journaliste Blaise Mao de Usbek&Rica et les spécialistes Françoise Vergès et Alban Guyomarc’h exploreront ces notions clés pour comprendre l’imaginaire des conquêtes spatiales et l’impact de son exploration.

Suite à la conférence, une séance de dédicace sera organisée dans l’espace café du MAIF Social Club