" Je ne tiens pas à ce qu'on m'attrape " avait un jour déclaré Serge Gainsbourg à Georges Lautner.
Mission largement accomplie : toute tentative de définition serait réductrice sinon à dire, plus de 30 ans après sa mort, que chacun et chacune porte en soi son propre Serge. Adulé ou détesté, pris en exemple ou en haine, il a toujours résisté tant à celles et ceux qui voulaient le sanctuariser qu'aux autres qui auraient aimé le voir cloué au pilori. Provocateur ? Pas si sûr. Mais compositeur et auteur de génie sans aucun doute. 1973, interviewé par Michel Lancelot :
"— Si vous souhaitez écrire un livre sur la chanson ?
— Il faudrait faire ce livre comme un cahier d'écolier. Çarait situer d'abord la chanson à son niveau exact. Il faudrait faire une marge et je serais en marge à chaque page."
Boris Vian lui avait néanmoins permis d'admettre que, finalement, s'adonner à la chanson n'était peut-être pas si infamant. C'est à la recherche du bonhomme, pudique et éminent spécialiste du pas de côté, formé à l'école classique en musique comme en peinture, que se lancent Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux il y a maintenant six ans. Réunissant sur scène plusieurs de leurs camarades de la Troupe, également musiciens et chanteurs, ils interrogent l'entrée de chacun et chacune en " Gainsbourie ". Cinq hommes et une femme incarnent ici Serge. En filigrane toujours la présence de Jane Birkin qui, ayant vu le spectacle, disait ceci : " si vous n'avez pas la chance de l'avoir connu, allez-y parce que vous comprenez le charme. " Alors que l'un comme l'autre sont aujourd'hui disparus, Les Serge (Gainsbourg point barre) fait le tour d'un vibrant hommage au créateur et à l'interprète de toutes ces " virgules dans l'air ".
Spectacle créé au Studio-Théâtre de la Comédie-Française le 16 mai 2019
Costumes : Magdaléna Calloc'h
Lumières: Éric Dumas
Arrangements musicaux : Guillaume Bachelé, Martin Leterme, Vincent Leterme et les Serge
Son : Théo Jonva
19:30