« En se promenant dans le jardin de Domitila, on entend les voix de la montagne ». L’artiste présentera ses créations en hommage à « Domitila Barrios de Chungara », ouvrière minière bolivienne et figure éminente du féminisme ayant dénoncé les souffrances subies par les mineurs en Bolivie.
Autodidacte, intuitif et vivant, son travail rassemble la photographie, le dessin, la vidéo, la sculpture…
Elle interroge l’Histoire et ses récits cachés afin de comprendre l’extractivisme vorace que subit L’Amérique Latine aujourd’hui.
Elle convoque des micro-histoires de l’ordre de l’intime et du féminin, passées présentes et futures, pour contrecarrer la fabrique de l’Histoire à l’occidentale : linéaire, héroïque et adulative du progrès.
En se promenant dans le jardin de Domitia, on entend les voix de la montagne.
Domitila Chungara, Una vida en lucha, 2017.
Domitila Barrios de Chungara, fut une femme minière bolivienne et figure éminente du féminisme bolivien. Issue d’une famille modeste, elle a donné de nombreux témoignages sur les souffrances subies par les mineurs de son pays.
L’exposition présente les recherches récentes de Lucia Neri centrées autour de deux pièces maîtresses : des montagnes sœurs, installées au cœur de deux espaces de la galerie. Ces sculptures monumentales, réalisées à partir de matériaux naturels, recyclés ou écologiques, invoquent la mémoire du Cerro Rico et Huancavelica : deux montagnes essentielles à l’enrichissement de l’occident. Elles racontent l’histoire de l’extractivisme, des anciennes pratiques coloniales à la quête contemporaine de ressources pour nourrir les technologies modernes.
La montagne, d’abord divinité féminine, devient la Vierge Marie, portant sur son voile l’histoire imposée par la colonisation. Ces récits ont forgé des structures de pouvoir qui habitent encore nos imaginaires et nos corps. Le voile de la Vierge, comme un territoire, porte la mémoire des terres, imprimée dans la matière des corps et des paysages.
De nos jours, l’extractivisme façonne encore le monde. L’extraction de minerais ne s’est pas arrêtée avec l’ère coloniale : elle s’est transformée. L’intelligence artificielle, les voitures électriques, les panneaux solaires et les nouvelles technologies dépendent de ces ressources, intensifiant leur recherche dans les anciens pays colonisés d’Amérique Latine. Dans ses sculptures, Lucia Neri raconte cette histoire contemporaine en croisant matériaux écologiques et éléments industriels – métal, plastique –questionnant ainsi l’écologie en train de se construire aujourd’hui.
L’artiste interroge également les récits de domination qui ont façonné l’histoire et structuré les systèmes de pouvoir. Lors de l’exploitation des mines d’argent de Potosí, les divinités des peuples colonisés ont été diabolisées, et le récit du diable s’est imposé comme un outil de contrôle. Aujourd’hui encore, la montagne est habitée par cette figure : dans les mines, les travailleurs continuent de vénérer «El Tío», le diable souterrain. Ce mythe s’accompagne d’une violence systémique envers les femmes, tenues à l’écart des mines, facilitée dès le XVIe siècle par les récits sexistes en cours en Europe, notamment avec la chasse aux sorcières.
À travers un travail de collage, l’artiste interroge ces récits et nos technologies contemporaines. Les images utilisées dans ses œuvres peuvent être ses propres photos prises sur le terrain, des images d’archives ou des images générées par l’intelligence artificielle. En intégrant cette technologie dans son processus, l’artiste interroge sa nécessité, mais aussi la façon dont elle s’inscrit dans une continuité historique marquée par la domination néo-coloniale.
Biographie :
Après une enfance et adolescence passées en Bolivie, Lucia Neri migre en France à l’âge de 20 ans pour faire des études en architecture à l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais. Elle a travaillé comme architecte salariée au sein de différentes agences d’architecture en France, en Bolivie et au Mexique.
Son travail artistique se développe désormais entre la Bolivie et la France. Autodidacte, intuitif et vivant, son travail ne peut se résumer en un seul medium car elle expérimente la photographie, le dessin, la vidéo, la sculpture… Elle interroge l’Histoire et ses récits cachés afin de comprendre l’extractivisme vorace que subit L’Amérique Latine aujourd’hui. Elle convoque des micro-histoires de l’ordre de l’intime et du féminin, passées présentes et futures, pour contrecarrer la fabrique de l’Histoire à l’occidentale : linéaire, héroïque et adulative du progrès.
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12:30- 16:30