Chorégraphe, danseuse, comédienne et dessinatrice, Ikue Nakagawa déploie chacune de ses créations pour le plateau à partir d’un travail de dessin. Kuroko évoque le sacrifice des émotions sur l’autel de l’apparence, dans un magnifique jeu d’ombres et de lumières sur tissus et papiers pour un corps dansant et un esprit flottant.
Gommer absolument de son visage et de sa posture toute trace d’affect en public : cet acharnement est au cœur du sujet de Kuroko. Dans quels replis secrets du corps ce large panel d’émotions refoulées se déverse-t-il ? A l’affût de ces non-lieux intimes, ces cachettes pour luttes abandonnées, peurs enterrées, espoirs tapis et attentes suspendues, l’artiste ausculte nos efforts incessants pour vivre au contact des autres, au détriment des sensations, jusqu’à en souffrir.
À l’appui de ses propres dessins, qui lui donnent accès à ses mondes intérieurs en même temps qu’une partition où poser sa plume chorégraphique, l’artiste insuffle un solo onirique, bercé des bruissements des éléments. Entre les feuilles de sentiments apparaît comme une deuxième danseuse, silhouette fantomatique, tel un kuroko, machiniste vêtu de noir du théâtre japonais traditionnel. Un voyage intérieur en toute épure et toute volupté.
17:00- 17:50