Une liberté éprise de rigueur ; une force de caractère qui, loin d’écarter l’humilité, s’en nourrit ; un jeu qui ne s’épanouit qu’au sein de structures charpentées : Daniel Larrieu, figure marquante de la danse contemporaine française, signe avec ce Sacre un retour à la scène qui lui ressemble.
Danseur, auteur, chorégraphe, emblème d’une certaine vision de la danse au tournant du siècle, Daniel Larrieu déploie depuis plus de 40 ans un vocabulaire chorégraphique si dense qu’il en classe le contenu à mesure qu’il nait, tels des multiples d’une collection qui ne cesse de s’enrichir, gestes, actions dansées, matériaux, textes… Car il y a du jeu chez Larrieu, au sens ludique comme au sens mécanique. Les interprètes s’amusent, les spectateurs aussi. Avec sa complice Sophie Billon, dont l’incandescence et l’engagement font hommage à toute une génération et donnent sa force à ce solo, ils créent un espace pour l’imaginaire à l’intérieur du monument qu’est Le Sacre du Printemps de Stravinsky.
Un foulard de soie pour unique accessoire, devenant tour à tour voile, tablier, masque, la danseuse endosse éperdument le parti pris d’une interprétation féminine et soliste prenant en charge tous les rôles, le masculin et le féminin, pour incarner la force et la détermination. Un véritable autoportrait dansé.