Le Misanthrope

Éric Elmosnino, diamant d'un sombre éclat.

Grand nom de l'univers des planches depuis plus de cinquante ans, Georges Lavaudant compte de nombreux classiques à son actif. Pourtant, dans la prestigieuse liste de ses mises en scène, un nom, connu entre tous, se distinguait par son absence : Molière. C'est avec un singulier Misanthrope que l'ancien directeur du TNP se propose aujourd'hui d'y remédier. Pour donner corps à sa vision peu commune du personnage d'Alceste, le metteur en scène avait une idée très précise en tête – un nom, même : Éric Elmosnino.

Césarisé en 2011 pour son interprétation d'un autre rôle aux penchants atrabilaires (Gainsbourg vie héroïque, de Joann Sfar), le comédien délivre une partition magistrale, nous faisant sentir les moindres replis d'un être froissé par son siècle, tout à la fois épris de vérité au point de trouver insupportable la vie en société, et pris dans sa passion pour Célimène – la belle, la fascinante, la méchante Célimène, dont le terrain de jeu favori est, justement, la société elle-même, avec ses médisances et ses mondanités mensongères. Ces deux-là croisent les vers comme on croise le fer et donnent matière à une comédie brillante, subtile et grinçante.