Louis Cattelat dans Arecibo

Arecibo, c'est ça, le grand écart. On veut l'infini, mais on gère déjà pas le basique. On parle à l'espace, mais on sait pas parler à nos proches.

"Arecibo", ça peut vouloir dire trois trucs.
– Rien.
– Une ville à Porto Rico, pleine de palmiers et de soleil, parfaite pour aller se faire cramer le cul en toute détente.
– Ou ce radiotélescope géant qui, en 1974, a balancé un message dans l'espace pour dire "salut" aux extraterrestres.

Des gens se sont posés, ont réfléchi, codé un message hyper sérieux avec notre ADN, des infos sur l'humanité, les maths, la totale. Comme si des aliens allaient capter ça, le décrypter tranquille, et peut-être répondre. Franchement, respect à eux. Vraiment. Parce que de mon côté, j'arrive même pas à dire à ma coiffeuse que sa coupe me va pas du tout. Je dis merci, je souris comme un con, et je rentre pleurer ma dignité dans la salle de bain.

On balance des signaux dans l'univers en espérant capter une réponse, alors qu'ici, sur Terre, on est même pas foutus de dire "je vais pas bien" sans passer pour des fragiles. On rêve de communiquer avec des formes de vie à des milliards de kilomètres, pendant qu'on évite le regard de notre voisin dans l'ascenseur.

Arecibo, c'est ça, le grand écart. On veut l'infini, mais on gère déjà pas le basique. On parle à l'espace, mais on sait pas parler à nos proches. Avant de chercher des potes sur une autre planète, faudrait peut-être apprendre à se dire les choses, pour de vrai. Parce qu'au fond, ce monde est déjà assez étrange comme ça.