


Pour cette nouvelle saison, le Petit Palais convie le peintre Bilal Hamdad à investir les salles du musée, dans un dialogue inédit avec les tableaux de Courbet, Fernand Pelez, CarolusDuran, Benjamin-Constant, Léon Lhermitte, et bien d’autres encore. L’exposition rassemble une vingtaine de tableaux, dont deux œuvres créées spécifiquement pour l’occasion. Il s’agit de la première et de la plus ambitieuse exposition consacrée à l’artiste dans une institution muséale.
Né en 1987 à Sidi Bel Abbès en Algérie, Bilal Hamdad reçoit dans sa ville natale une première formation artistique avant de poursuivre ses études à Alger d’abord, puis en France, à Bourges, et aux Beaux-Arts de Paris. Diplômé en 2018, il se distingue rapidement par ses compositions picturales de très grand format, représentant des scènes de vie parisienne où transparaît une poésie discrète mais puissante de la solitude contemporaine.
À partir de photographies prises sur le vif, il élabore des toiles d’un naturalisme saisissant. Tel le photographe Atget, il capte l’effervescence de la capitale par ses cadrages serrés, ses lignes de fuite et ses clair-obscur révélateurs, documentant le Paris d’aujourd’hui. Ses œuvres mettent en lumière des personnages solitaires, absorbés, souvent étrangers à l’agitation urbaine. À l’effervescence de la ville, Bilal Hamdad oppose la résonance silencieuse des individus : une urbanité à la fois peuplée et intérieure, densément humaine.
Son œuvre est en dialogue constant avec les grands maîtres du passé. Rubens, Caravage, Velázquez, mais aussi Degas, Manet, Courbet ou Hopper nourrissent sa pratique. En résidence à la Casa de Velázquez à Madrid, l’artiste a longuement médité devant les peintures des grands maîtres conservées au Prado. Les échos de ces influences affleurent, invitant le visiteur à aiguiser son œil à la recherche de ces citations, proches ou lointaines. Son travail, à la croisée du documentaire et de la fable picturale, jette des ponts entre le passé et le présent. Soucieux d’inscrire son travail dans la continuité d’une histoire de l’art renouvelée, il affirme la pertinence de la peinture aujourd’hui, dans une époque saturée d’images.
Visiteur régulier, passionné par le Petit Palais, l’artiste a « rencontré » les tableaux du musée comme on engage une conversation silencieuse. Dans cette exposition, il fait entrer le Paris d’aujourd’hui dans l’espace patrimonial : sorties de métro, solitudes pressées, scènes de cafés… autant de moments ordinaires saisis dans ses toiles. Inspiré par Les Halles de Paris de Léon Lhermitte, œuvre monumentale et emblématique des collections du musée, Bilal Hamdad répond par Paname, tableau aux dimensions tout aussi imposantes. L’artiste prend pour sujet un marché éphémère à la sortie du métro, saisi au printemps dernier et propose une vision poétique et fragmentée, qui capte l’instant présent.
Dans les toiles de Bilal Hamdad, les habitants de la capitale deviennent allégories discrètes du quotidien urbain, porteurs d’un vécu partagé, métissé, universel. En combinant l’écho des maîtres anciens au rythme fébrile du monde contemporain, il orchestre une polyphonie visuelle où le silence dit autant que la foule. Invité du Petit Palais, Bilal Hamdad met en musique ce dialogue vital et ininterrompu entre les œuvres d’hier et les regards d’aujourd’hui, avec une justesse et une poésie rares.
Une exposition organisée avec le soutien de la galerie Templon.
07:00- 15:00