La transformation radicale de Tokyo en ville moderne durant les années 1920 et 1930 à travers un grand nombre d’estampes modernes rarement présentées en France, ainsi que des affiches, des photographies, des accessoires de mode, des images d’archives…
Edo, l’ancienne capitale shogunale, devient Tokyo en 1868 et se modernise à grande vitesse tout au long de l’ère Meiji. Mais en 1923, durant l’ère Taishô, le Grand tremblement de terre du Kantô dévaste la ville. Si les derniers quartiers qui avaient conservé l’atmosphère d’autrefois disparaissent, la reconstruction va permettre à Tokyo d’accélérer sa modernisation.
C’est cette transformation radicale de Tokyo en ville moderne durant les années 1920 et 1930 que donne à voir cette exposition de la MCJP. Pour l’occasion, le Edo-Tokyo Museum lui a prêté une centaine d’œuvres de sa collection : un grand nombre d’estampes modernes rarement présentées en France, ainsi que des affiches, des photographies ou encore des accessoires de mode. Ces estampes aux styles variés et novateurs, signées des grands graveurs de l’époque, oscillent entre fascination envers ces bouleversements et nostalgie pour le Tokyo d’autrefois.
1er septembre 1923. Un terrible tremblement de terre frappe la région du Kantô, faisant plus de 100 000 morts et détruisant plus de 40 % du Tokyo d’alors. Les travaux de reconstruction vont cependant permettre le développement des routes et du réseau ferré, la rénovation des voies fluviales, la création de parcs… La capitale se métamorphose en une ville de béton et d’acier qui s’agrandit considérablement en 1932 en fusionnant avec les villes et villages environnants.
Les destructions causées par le séisme et, surtout, ces transformations urbaines sont souvent représentées dans les shin hanga (estampes nouvelles) et les sôsaku hanga (estampes créatives). La fin de la longue tradition des estampes ukiyo-e au tournant du XXe siècle a été suivie par l’apparition de ces deux mouvements artistiques. Si elles donnent un souffle nouveau à l’art de la gravure sur bois, les estampes shin hanga perpétuent les techniques traditionnelles et la collaboration entre un peintre, un graveur et un imprimeur. Davantage inspirés par les mouvements européens, les artistes de sôsaku hanga dessinent, gravent et impriment eux-mêmes leurs œuvres au style plus personnel.
Nombre d’artistes de shin hanga tels que Kawase Hasui et Yoshida Hiroshi dépeignent avec une grande virtuosité technique un Tokyo empreint de nostalgie où la modernisation est souvent peu visible. Certains graveurs de sôsaku hanga, quant à eux, à commencer par Fujimori Shizuo et Koizumi Kishio, s’intéressent davantage aux immeubles de béton, aux usines, aux nouveaux modes de transport ou aux paysages de banlieue qu’ils représentent dans leurs vues du Grand Tokyo.
Un autre aspect de la modernisation de la capitale fréquemment représenté dans les estampes de l’époque est le développement d’une culture de la consommation. Les grands magasins, cafés, salles de spectacles et autres lieux de divertissement des quartiers de Ginza, d’Asakusa et de Shinjuku sont des thèmes prisés des graveurs. De même que les jeunes gens à la mode, vêtus à l’occidentale, communément appelés « mobo » (modern boys) et « moga » (modern girls). Ainsi, avant la montée du militarisme et l’entrée en guerre du Japon, une nouvelle forme d’hédonisme s’épanouit à Tokyo, dont la modernisation connaitra un nouvel essor durant l’après-guerre.
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