Concert de sortie d'album.
Pour fêter la sortie de son 3ème album, Malrevert, paru le 10 octobre 2025 sur le label Le Furieux, le chanteur et bassiste François Puyalto convoque pour ces deux concerts ses amis Raphaël Dumas (mandoline, violon) et Michel Schick (clarinettes) ainsi que quelques invité-es surprise...
Caméléon
C'est peut-être le premier mot qui nous vient quand on évoque la figure protéiforme de François Puyalto. Accompagnateur remarqué d'Emily Loizeau, de Sanseverino, ou de Lembe Lokk (dans son hommage à Leonard Cohen), co-fondateur avec Laure Slabiak (Blaubird) du projet Tyger Tyger, il est tour à tour bassiste, chanteur, mais aussi guitariste et arrangeur.
La variété des peaux qu'il peut emprunter ne le rend pas moins singulier et unique dans son écriture, sa voix, et dans la route qu'il trace en solo depuis plus de dix ans. Lui qui a toujours aimé les bestiaires (voir un de ses précédents albums 'Le nom des Animaux'), peut-être préférerait-il au caméléon la grue cendrée, le crabe dormeur ou l'ours mal léché. En tout cas un animal original, attachant et hirsute.
Il nous revient ici avec son album le plus personnel, concocté dans son antre avec son camarade Antoine Sahler (animateur du label Le Furieux et musicien ami de longue date) : mélange de rythmiques bricolo-chic (peaux de banjo frottées, cajon détourné, bois de contrebasse frappé, ...) et d'arrangements de cordes ou de vents très soignés, cocktail détonnant de guitares spontanées et de basses millimétrées. Un album presque réalisé seul, dans le temps long, avec sur quelques titres, des invités prestigieux (Joce Mienniel à la flûte, Lucrèce Sassella aux choeurs, un quatuor à cordes autour d'Hélène Maréchaux et Pauline Buet, Michel Schick aux clarinettes,...)
Refuge
Malrevert est le nom d'un lieu dit, quelque part du côté de l'Ardèche, où François Puyalto aime se réfugier. Un lieu de calme, de nature préservée, un lieu à l'abri du fracas du monde. Ce dernier est toujours là, dans cet album qui ne craint d'être frontal dans l'engagement politique (Lutte des classes, Everest). La peur de la fin du monde – d'un monde, celui des humains – est là , dans les dissonances des bois qui contrechantent dans Animal.
Alors on se console avec l'amour : dans le vague à l'âme sentimental (Paul-Emile Victor), dans les possibilités d'une rencontre (Juste une histoire)
Alors on se concole avec l'humour : contemplations bashungiennes (Big Flaque), promesses de voyages incongrus (Où tu veux)
Alors on se réfugie dans la douceur et l'acceptation du temps qui passe (Rue de Belleville) et de l'errance (Trains). Et cette douceur passe aussi par la voix, qui s'aventure dans les aigus, sans craindre les fragilités, vestiges de notre humanité (J'oublie).
Oui, dans cet album, on se réfugie. Et si Malrevert est un refuge, il ne tourne pas le dos au monde comme il va (mal). Il le regarde, il le dénonce, il le questionne. Avec brio, avec douceur, avec poésie.
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